Aquaviva

Les eaux vives de Guillaume Trouillard

Avez-vous déjà vu l’un des trois volumes parus à ce jour d’Aquaviva ? Pas sûr. Ce travail que mène Guillaume Trouillard depuis plusieurs années et qui lui tient particulièrement à cœur est publié sous la forme de beaux fascicules, portant indéniablement la marque des Éditions de La Cerise : celle de la beauté alliée à la qualité de réalisation. Pourtant, ces fascicules (trois parus à ce jour d’un travail qui est toujours en cours), ne sont visibles que sur les événements auxquels participent La Cerise. Impossible de les trouver en librairie.

Le SoBD a le grand plaisir de présenter cette année une exposition Aquaviva, comprenant des originaux des trois premiers fascicules… et du quatrième, encore inédit. De surcroît, l’exposition sera complétée d’une performance dessinée de Guillaume Trouillard, le vendredi 1er décembre à partir de 15h30.

Bandeau Aquaviva

Les humains bannis de l’Éden

Inaugurée en 2015 la série Aquaviva est actuellement constituée de trois fascicules (le 4e est en cours…) narrant les péripéties d’un petit groupe de survivants dans un univers post-apocalyptique, et tout particulièrement d’un nageur perdu dans ce monde en ruine, habité de pillards qui le disputent à des bandes de lycaons en maraude tout droit sortit d’un cauchemar que ne renierait pas Alex Barbier.

Connu pour son talent d’aquarelliste, Trouillard développe ce projet depuis de très longues années. Cette démarche molto pianissimo s’avère idéale pour l’expérimentation, les planches étant marquées par les retouches, les rustines et autres reprises d’un artiste qui adopte ici une manière de produire le récit qui ne lui est pas coutumière. Sur une même page d’Aquaviva peuvent cohabiter des images réalisées à des années d’écart et rassemblées par des considérations que seul le temps peut produire. Un temps qui s’écoule en eaux vives.

Aquaviva

C’est donc que l’aquarelle, terrain d’excellence de Trouillard, n’est pas la seule façon ici. Les reprises et repiquages, les découpes et les collages font aussi intégralement partie d’une œuvre dont la facture finale témoigne d’une même accumulation de fragments et de scories que celle qui forme le monde d’après qui nous est raconté ici. Le dessin se marie avec les photos découpées des magazines, avec les lettrages mécaniques prélevés dans des revues dont on imagine les pages s’agiter sous l’effet du vent, à demi-enfouies sous un mur effondré.

Le décor qui achève de s’effondrer sous nos yeux ne peut manquer de laisser entrevoir une conception même du dessin. La ruine est une divagation de l’esprit et une errance de la main, mais elle n’est pas le résultat d’une contingence, l’effet du hasard. Elle est la destruction soigneusement et rigoureusement menée à son terme extrême, le résultat d’une démolition non moins méthodique que ne le fut l’élévation des formes qu’elle a enfin fait s’écrouler. Cette intimité du dessin et de la ruine, cette voix incompréhensible mais pas inaudible qui chuchote dans l’oreille du dessinateur, on peut encore la percevoir dans l’œuvre, également en inachevée, de Jean-Christophe Chauzy (Le Reste du monde), qu’on pourra d’ailleurs entendre également à l’occasion de ce 13e SoBD.

Cet univers détruit qui n’en reste pas moins artificiel, proche de celui décrit par Cormac McCarthy dans La Route, est un monde de détritus d’images, que nulle vie ne semble habiter, si ce n’est quelques prédateurs avide de ravager ce qui reste encore debout. Le genre post-apo serait-il donc une sorte de thérapie cathartique face à un monde qui,au-delà de la surabondance de produit qu’il délivre, n’offre plus comme horizon que celui de sa propre destruction ?

Guillaume TrouillardEn 2003, il lance les Éditions de la Cerise et la revue Clafoutis, puis reçoit en 2007 le prix du public au festival de Bassillac ainsi que le prix BD 2008 des lecteurs de Libération pour Colibri. En 2021, il rejoint les résidents de la Villa Médicis pour Aquaviva, un projet fleuve entamé en 2010.

Guillaume Trouillard, Aquaviva

Aquaviva

Aquaviva, de Guillaume Trouillard. Éditions de la CeriseI

Guillaume Trouillard et la fin du monde… autres propositions

Atelier avec Guillaume Trouillard

Jeudi 30 novembre 2023 – 19h.
Salon Jeux Vidéo – Niveau 1
Bibliothèque publique d’information

Avant de venir admirer la performance en public de Guillaume Trouillard, le vendredi 1er décembre à 15h30, dans l’exposition Aquaviva, allez donc écouter son atelier, la veille, à la BPI du Centre Georges Pompidou, dans le cadre des Jeudis de la BD.

Entrée Place Georges-Pompidou
75004 Paris

Portrait de Guillaume Trouillard

Portrait de Guillaume Trouillard par Mélanie Gribinski. SoBD 2023

La fin du monde sera végane

Samedi 2 décembre
15h – Académie du Climat

Rencontre et table ronde. La crainte d’une apocalypse n’est plus celle d’une troisième guerre mondiale, mais d’une ultime catastrophe climatique. La BD c’est emparée de cette vision de la fin du monde. Jean-Christophe Chauzy, Giacomo Nanni, Mathilde Van Gheluwe et Jaume Pallardo échangeront à ce propos.

[Plus d’infos : c’est par là]

Le reste du monde

Le reste du monde de Jean-Christophe Chauzy. Ed Casterman

Infos pratiques

Ça se passe où ?

L’exposition Aquaviva se tiendra à la Halle des Blancs-Manteaux, épicentre du salon SoBD

Le vendredi 1er décembre (15h-19h) et le samedi-dimanche 2 et 3, de 11h à 19h

SoBD 2021 - Halle des Blancs Manteaux exterieur 05 - Photo Susy Lagrange

SoBD 2021 – Halle des Blancs Manteaux exterieur 05 – Photo Susy Lagrange

Comment y aller ?

Metro lignes 1 et 11 : Hôtel de Ville
ligne 1 : Saint-Paul
ligne 11 : Rambuteau
Ligne 8 : Chemin Vert

Bus 29, 67, 69 : rue vieille du temple
75
: Archives-Rambuteau